Ed Jensen, de la bande Tk’emlúps te Secwépemc, a grandi au sein d’une famille nombreuse et a passé une bonne partie de son enfance à jouer avec des objets qu’il fabriquait lui-même. Il a commencé à fabriquer des arcs dans sa cour arrière. Petit à petit, ses créations ont évolué, devenant de plus en plus sophistiquées et incorporant des matériaux traditionnellement employés par les Secwépemcs, qui vivent à l’intérieur des terres de la Colombie-Britannique. Plus tard, il s’est mis à effectuer des recherches sur le taillage du silex et à passer son temps au musée.
Ed est reconnaissant envers ses ancêtres pour les connaissances et l’inspiration que leur travail lui a transmises. Ed examinait leurs œuvres pour comprendre leurs techniques, puis rentrait chez lui pour reproduire ce qu’il avait vu; quand il n’y parvenait pas, il retournait au musée. Aujourd’hui, Ed est un spécialiste reconnu des armes des Secwépemcs.
Ed estime que la technologie des outils en pierre a eu une grande incidence sur l’économie des Secwépemcs, en grande partie grâce au basalte vitreux – une matière volcanique de haute qualité particulière à cette région qui a joué un rôle important dans la capacité des Secwépemcs à gérer un grand territoire et à contrôler leurs frontières.
Ouvrir le sentier a eu l’occasion de rencontrer Ed pour discuter avec lui de la technologie des pointes de flèches et de l’économie des Secwépemcs avant le contact avec les Européens :
« Notre technologie a évolué un peu plus rapidement que celle de plusieurs autres nations qui n’avaient pas accès au basalte. En tant que tailleur de silex moderne, je sais que tailler le basalte en pointe, parce qu’il est plus dur, représente un plus grand défi que tailler l’obsidienne, qui s’apparente au verre et est facile à travailler.
Ça devait être considérablement plus difficile de travailler le basalte avec des outils en os, ce qu’on utilisait il y a 500 ou 5000 ans, alors nos ancêtres ont dû compenser en perfectionnant leur technique. La technique est très importante pour ce qui est des outils en pierre, ce qui fait que nos maîtres artisans sont effectivement devenus des maîtres dans leur domaine. Nos ancêtres faisaient généralement un travail de qualité supérieure, et leur expertise est évidente dans les pièces du musée.
Les maîtres artisans créaient ces pièces et les échangeaient probablement contre ce dont ils avaient besoin dans leur vie quotidienne. Quand on analyse notre civilisation actuelle dans une optique pratique, on constate qu’elle est formée de plombiers, de médecins et de gens de toutes sortes de professions. Je pense que c’était pareil à l’époque.
Il y a aussi le fait que les matériaux pouvaient être apportés à l’extérieur de leur territoire. Si on regarde les vestiges archéologiques, on trouve du basalte un peu partout et, à l’occasion, une ou deux pièces d’obsidienne. La raison en est que l’obsidienne est bien jolie et qu’on peut lui donner un bord tranchant, mais elle ne sert qu’une fois, parce qu’elle se brise facilement. Le basalte vitreux est beaucoup plus durable et un peu plus dense, mais on peut le rendre aussi tranchant; ça produit donc de meilleurs outils.
On en trouve en général beaucoup plus à l’extérieur de notre territoire qu’à l’intérieur, ce qui signifie qu’il faisait l’objet d’un commerce d’exportation.
La technologie s’est diffusée dans les nations avoisinantes et a évolué à travers les âges. Nous avons commencé en lançant des pierres, puis nous sommes passés à l’atlatl (propulseur de javelots), un outil à main, et ensuite à l’arc. Quand l’arc est apparu, tout a changé. À partir de ce moment-là, nos ancêtres se sont consacrés à améliorer la technologie pour créer des arcs qui tireraient plus vite et qui seraient plus solides et plus compacts. Ils ont eu de la chance de disposer des bons matériaux à l’intérieur de notre territoire. Par conséquent, nos outils étaient supérieurs, tout comme ce que nous étions capables de créer avec eux.
Les pointes de flèches constituaient une partie importante de notre économie, mais nous faisions aussi le commerce d’autres articles de valeur, comme la peinture et les médicaments. Notre environnement est très hostile, avec des hivers très froids et des étés très chauds. Ça produit des médicaments très puissants, étant donné que nos plantes doivent être plus fortes pour survivre. Elles étaient donc très recherchées pour leur grand pouvoir curatif.»
Ouvrir le sentier remercie Ed d’avoir bien voulu partager ses connaissances au sujet de l’économie des Secwépemcs avant le contact.
Pour plus d’information sur Ed et sur son travail, visitez sa page Facebook, intitulée Tk’emlups Traditions,à l’adresse https://www.facebook.com/tkemlupstradtions1967.