Le chef Clarence Jules Sr. est né en 1926 dans la réserve de Kamloops et a été élevé sur la ferme de son père. Il a fréquenté le pensionnat indien jusqu’en neuvième année. Alors qu’il se trouvait au pensionnat, il trayait les vaches et s’occupait des chevaux. He À 14 ans, il a demandé à son père de lui donner une pièce de monnaie de vingt‑cinq cents pour acheter des jeans. Son père lui a dit de se trouver un emploi. Il a quitté l’école, travaillé à la fenaison pour un grand éleveur, trait les vaches à la main sur une ferme laitière et passé sept ans à travailler au ranch Palmer.
En 1952, le chef Jules a marié Delores Casimir et a continué de travailler aux ranchs de la région. Avec sa femme, il a eu neuf enfants. Il a travaillé comme patrouilleur à cheval pour la bande, il a cultivé le foin, il a élevé le bétail, et, comme il est indiqué dans son intronisation au BC Cowboy Hall of Fame de 2010, « il a toujours eu une belle écurie de chevaux ».
Il a travaillé fort pour sa famille. Il a dit de son travail sur les pâturages : « Cependant, mes heures de travail n’étaient pas faciles pour ma femme, je devais souvent me lever à deux ou trois heures du matin. » Une de ses citations les plus célèbres au sujet de travailler dur était : « On ne peut pas réparer une crevaison en lui criant après. »
Toutefois, il a été davantage qu’un cowboy qui a travaillé dur. Comme il l’a dit en 2010, « Je crois avoir été davantage un chef et un conseiller qu’un cowboy. »
Le chef Jules a dirigé la bande indienne de Kamloops (maintenant appelée Tk’emlups te Secwepemc) de 1962 à 1971. Il a amélioré le système d’irrigation, démarré une exploitation agricole appartenant à la bande, tenu la réunion de fondation de l’Union des chefs indiens de la Colombie‑Britannique en 1969 et promu l’idée que les Premières nations possèdent leurs propres terres.
Son plus grand legs remonte peut‑être à 1962, lorsque son conseil a pris un règlement administratif pour établir le parc industriel Mount Paul – le premier parc industriel sur les terres des Premières nations. Le chef Jules s’est assuré de la construction de l’infrastructure nécessaire, et a convaincu personnellement un certain nombre d’entreprises d’investir et de louer des terrains dans la réserve. Ses pouvoirs de persuasion devaient être impressionnants, parce que l’obtention de droits de propriété sur les terres indiennes était difficile dans les années 1960. Les preneurs à bail faisaient face à de l’incertitude à l’égard de la tenure, de l’enregistrement des baux, des impôts à payer et de la prestation des services locaux; de plus, ils disposaient d’un large éventail d’options sur les terres non indiennes. C’est un témoignage de sa vision que le parc industriel Mount Paul, qui comptait 11 entreprises initiales en 1964, en compte aujourd’hui plus de 150 et présente un chiffre d’affaires annuel de plus de 250 millions de dollars. S’il existait un temple de la renommée des affaires commerciales, le chef Clarence Jules Sr. en ferait partie.
Le chef Clarence Jules Sr. a compris très tôt que les Premières nations avaient besoin de mener des affaires sur leurs terres et que le régime de la Loi sur les Indiens y faisait obstacle. Alors que la location ne faisait que commencer dans le parc industriel Mount Paul, il a déclaré : « Nous fournissons les services et la province perçoit les impôts. Nous devrions percevoir les impôts pour financer de meilleurs services et une meilleure infrastructure. Autrement, nous ne pouvons pas faire concurrence pour attirer les affaires. »
Il était très patient, mais très déterminé également. Il a fallu 20 ans pour que le gouvernement fédéral se mette d’accord avec lui et adopte les modifications de Kamloops à la Loi sur les Indiens (le projet de loi C‑115), qui ont conféré à la bande Tk’emlups des pouvoirs d’imposition foncière, grâce en grande partie au travail acharné du chef Clarence Jules Sr. et de son fils Manny. C’était la création du régime fiscal moderne des Premières nations.
Au cours des consultations sur le Livre blanc de 1968, on a demandé au chef Clarence Jules Sr. quelles modifications devaient être apportées à la Loi sur les Indiens. Sa réponse est toujours pertinente aujourd’hui :
« Nous croyons que nous sommes mieux placés pour déterminer les besoins de nos gens que les fonctionnaires du ministère qui se trouvent à Ottawa. Nous faisons remarquer qu’une grande partie de l’insatisfaction à l’égard de la Loi actuelle découle du manque de pouvoir et d’autorité des conseils de bande. Pour ne citer qu’un seul exemple, nous exploitons un lotissement industriel dans une partie de notre réserve et nous louons les lots de ce lotissement à diverses personnes et entreprises. Avant qu’un bail puisse être consenti, non seulement le conseil de bande doit‑il adopter une résolution à cet effet, mais le bail doit être acheminé à la Kamloops Indian Agency, puis au bureau de Vancouver, puis, en dernier lieu, à Ottawa. Le même processus doit être suivi au retour.
Nous pourrions vous fournir des documents montrant que, dans certains cas, des mois ont passé avant que le bail soit consenti. Dans plusieurs cas, au moment du retour du bail, le preneur à bail s’était déjà adressé ailleurs, parce que, de nos jours, les gens ont besoin de décisions presque instantanées. Ces délais nous font perdre de l’argent et nous n’aimons pas cela. Un changement doit être apporté pour conférer plus de pouvoir et d’autorité aux conseils de bande indienne. Après tout, c’est nous que les membres des Premières nations ont élus pour les représenter et non les fonctionnaires du ministère des Affaires indiennes. » (Novembre 1968, Kelowna, C.‑B.)
La capacité du chef Clarence Jules Sr. d’établir des ponts entre les communautés, les personnes et les gouvernements a jeté les fondations pour des investissements de plus de 2 milliards de dollars dans les Premières nations et la perception d’impôts totalisant plus de 1 milliard de dollars par les Premières nations à l’échelle du Canada. Cela a entraîné la création de milliers d’emplois et la conclusion de plusieurs accords entre les Premières nations et les gouvernements. Comme il l’a dit, « Nous nous trouvons tous ici, nous devrions apprendre à vivre ensemble ».
En septembre 2009, l’Association des administrateurs fiscaux des Premières nations lui a rendu hommage pour sa contribution à l’imposition des Premières nations. C’était un honneur qu’il méritait pleinement. Comme plusieurs le savent, sans son travail, son dévouement envers sa famille et sa détermination à établir la compétence fiscale des Premières nations, il n’y aurait pas de régime fiscal des Premières nations, d’Association des administrateurs fiscaux des Premières nations ou de Loi sur la gestion financière des premières nations.
Son travail a fait une différence dans la vie de plusieurs personnes. Il aimait les gens et ils l’aimaient en retour parce qu’il était une personne très spéciale. Personne n’oubliera jamais l’étincelle qui brillait dans ses yeux et la joie de son rire lorsqu’il racontait une histoire particulièrement bonne. Mais ce n’était jamais qu’une simple histoire. Il traitait chacun avec honnêteté et respect, et il y avait toujours une leçon à tirer ou sa main tendue pour aider.
Chef Clarence Jules Sr., nous vous remercions. Vous nous manquerez beaucoup et nous ne vous oublierons jamais. Votre héritage se perpétuera.